Analyse de la baisse des réservations d’appartements (location courte durée) à Marrakech – Mars 2025
Analyse de la baisse des réservations d’appartements (location courte durée) à Marrakech – Mars 2025
Depuis le début mars 2025, de nombreux propriétaires d’appartements en location courte durée à Marrakech constatent une baisse sensible des réservations. Plusieurs facteurs convergents expliquent ce ralentissement, notamment la coïncidence avec le mois du Ramadan, les intempéries récentes ayant affecté l’image de la destination, ainsi que les tendances saisonnières du tourisme au Maroc. Ce rapport détaille chacun de ces éléments, compare la situation actuelle aux années précédentes et propose des stratégies d’optimisation pour attirer des réservations malgré le contexte. Des données et graphiques clés sont fournis pour étayer l’analyse, suivis de recommandations pratiques.
Impact du Ramadan sur le tourisme à Marrakech
Le Ramadan 2025 a débuté dès le 1er mars, couvrant ainsi la quasi-totalité du mois. Comme chaque année, la période du Ramadan s’accompagne d’une baisse d’activité touristique dans la ville ocre. Cela s’explique par plusieurs phénomènes :
- Retrait de la clientèle locale : Les Marocains voyagent moins pendant le mois de jeûne, préférant reporter leurs vacances après l’Aïd. Par exemple, lors du Ramadan 2023 qui a débuté le 23 mars, les arrivées de touristes nationaux à Agadir ont chuté de 11,5% en mars 2023 par rapport à mars 2022, et les nuitées domestiques de 8,5% (Agadir/tourisme : les nationaux, grands absents du Ramadan – LesEco.ma). Globalement, la clientèle nationale est la “grande absente” du mois de Ramadan, ce qui pèse lourdement sur les destinations touristiques (Agadir/tourisme : les nationaux, grands absents du Ramadan – LesEco.ma). À Marrakech également, on observe traditionnellement une désaffection des voyageurs marocains durant ce mois.
- Moindre affluence internationale en début de saison : Les touristes étrangers, bien que moins affectés directement par le jeûne, peuvent adapter leurs plans en évitant la période du Ramadan, pensant (à tort ou à raison) que “tout sera fermé” ou que l’ambiance sera moins festive. En réalité, Marrakech reste animée même en Ramadan, mais on y croise un peu moins de foule dans les sites touristiques, ce qui est confirmé par les locaux (Visiter Marrakech pendant le Ramadan: à quoi s’attendre ? • MayBanton Blog Voyage). Cette réduction de l’affluence crée une baisse mécanique des réservations par rapport à un mois de mars hors-Ramadan.
- Réduction des prix et recettes : Pour stimuler la demande durant ce mois creux, les acteurs touristiques baissent souvent leurs tarifs. Les hôtels pratiquent des promotions spéciales Ramadan (par exemple, certaines chaînes annoncent jusqu’à 40% de réduction sur les séjours durant le Ramadan (Offres de Ramadan Hôtels ➡️ 40% Réduction – Barcelo)). En conséquence, les séjours sont effectivement meilleur marché pendant cette période creuse – un couple de voyageurs rapporte avoir économisé près de 500 € sur une semaine à Marrakech pendant le Ramadan par rapport à la haute saison (Visiter Marrakech pendant le Ramadan: à quoi s’attendre ? • MayBanton Blog Voyage). Si cette politique de prix attractifs aide à remplir partiellement les hébergements, elle réduit d’autant les revenus par réservation, impactant la rentabilité des locations.
En somme, le Ramadan entraîne une double baisse : en volume (moins de voyageurs, surtout locaux) et en valeur (prix moyens plus bas). Il n’est donc pas surprenant que début mars 2025, au démarrage du Ramadan, les réservations aient fléchi. Les professionnels du secteur s’y attendaient d’ailleurs : ils anticipaient que le véritable démarrage de la saison touristique 2025 serait décalé à après le Ramadan, c’est-à-dire en avril (Fréquentation touristique – Médias24 numéro un de l’information économique marocaine). Mars est ainsi perçu comme un mois « tampon » plus calme, ce qui se vérifie cette année encore.
Influence des récentes intempéries (“tornades”) sur l’image touristique
À cette baisse saisonnière s’est ajoutée une météo défavorable début mars 2025, qui a pu refroidir certains voyageurs. Marrakech a en effet connu des conditions climatiques inhabituelles pour la saison, relayées dans les médias et sur les réseaux sociaux :
- Tempêtes et vents violents : La première quinzaine de mars a été marquée par le passage de la tempête “Jana”, une dépression atlantique qui a touché le Maroc. Les autorités avaient émis des alertes pour de fortes rafales de vent (70 à 95 km/h) avec chasse-poussière dans de nombreuses régions y compris Marrakech (Le Maroc touché par la tempête «Jana»: ce que l’on sait – LeSiteinfo.com). Ce genre d’alerte météo (niveau orange/rouge) incite certains touristes à reporter leur voyage, surtout ceux qui viennent chercher soleil et douceur printanière à Marrakech.
- Pluies torrentielles et inondations virales: Fin février et début mars, de fortes pluies orageuses ont frappé le Maroc. À Marrakech, des pluies exceptionnelles avaient déjà provoqué en octobre dernier des inondations à l’aéroport Marrakech-Ménara, avec des vidéos virales montrant de l’eau s’infiltrant dans le terminal (Marrakech sous l’eau : Les inondations touchent la ville et l’aéroport). Début mars 2025, bien que les averses aient été moins intenses qu’à l’automne, la crainte de conditions similaires a pu peser sur l’image de la destination. Des routes coupées, un ciel poussiéreux ou des activités extérieures compromises par le mauvais temps sont autant de facteurs qui découragent les réservations de dernière minute.
- Couverture médiatique négative : Le terme “tornade” a pu être employé de façon abusive sur les réseaux sociaux pour décrire ces coups de vent et tempêtes de sable à Marrakech, créant un effet anxiogène. Un incident tragique en 2023 (tempête de sable ayant causé la chute d’un arbre mortel sur Jemaa El Fna (La tempête fait un mort à Marrakech (VIDEO) – LeSiteinfo.com)) a aussi laissé une impression durable. Même s’il s’agit d’événements ponctuels, la répétition récente de conditions climatiques extrêmes nourrit une perception d’insécurité climatique chez certains touristes. Les opérateurs locaux estiment ainsi que les mauvaises conditions météo persistantes durant ce mois de mars pourraient avoir un impact encore plus fort que le Ramadan lui-même sur la fréquentation étrangère de Marrakech cette année (Fréquentation touristique – Médias24 numéro un de l’information économique marocaine).
En bref, ce “coup de froid” météorologique est tombé au pire moment, cumulant ses effets à ceux du Ramadan. L’image d’une Marrakech sous la pluie ou la poussière contraste avec les brochures ensoleillées habituelles, et a pu entraîner des annulations ou l’absence de nouvelles réservations pour ce début de mois.
Tendances du tourisme au Maroc en mars 2025
Avant d’analyser plus en détail la situation de Marrakech, il est utile de replacer celle-ci dans le contexte national de ce début d’année. Le tourisme marocain en 2025 affichait jusqu’en février une dynamique très positive :
- Rebond post-pandémie et record de fréquentation : Sur les deux premiers mois de 2025, le Maroc a accueilli 2,7 millions de touristes, soit une hausse de +24% par rapport à la même période de 2024 (Tourisme : le Maroc explose les compteurs en pleine basse saison). Ce chiffre record en pleine “basse saison” hivernale témoigne de l’engouement continu pour la destination Maroc. Rien qu’en janvier, Marrakech – locomotive du secteur – avait enregistré un taux d’occupation hôtelier de 63%, en progression de 8% sur un an (Tourisme : le Maroc explose les compteurs en pleine basse saison), et plus de 2 millions de nuitées (+16%). Les recettes touristiques suivaient la même tendance haussière.
- Mars, un mois charnière en demi-teinte : Historiquement, mars marque le début du pic de printemps au Maroc, avec des conditions météorologiques idéales et l’arrivée des vacances de Pâques européennes fin mars/début avril certaines années. Cependant, lorsque le Ramadan coïncide avec mars (comme en 2024 et 2025), la courbe s’infléchit. En mars 2024, malgré une hausse de +10% des arrivées de touristes aux frontières par rapport à mars 2023, le volume des nuitées dans les hôtels classés a diminué de 5% sur la même période (Agadir/tourisme : les nationaux, grands absents du Ramadan – LesEco.ma). Ce paradoxe s’explique par la chute de la clientèle interne (-33% de nuitées nationales), que la légère hausse des nuitées étrangères (+6%) n’a pas complètement compensée (Agadir/tourisme : les nationaux, grands absents du Ramadan – LesEco.ma) (Agadir/tourisme : les nationaux, grands absents du Ramadan – LesEco.ma). Autrement dit, le Ramadan de mars 2024 a freiné l’élan global du tourisme. On peut anticiper un schéma similaire pour mars 2025, voire accentué, puisque cette année le Ramadan couvre la totalité du mois (contre seulement les 2/3 en mars 2024).
(image) Évolution des arrivées et nuitées touristiques en mars 2024 par rapport à mars 2023. Le mois de Ramadan (mars 2024) a entraîné un recul des nuitées (-5% tous marchés) malgré la hausse des arrivées, en raison surtout de la chute du tourisme interne.
- Prévisions pour mars 2025 : Au vu de ces éléments, les analystes tablaient sur un mois de mars moins performant en 2025 par rapport à l’an dernier. Certains opérateurs n’excluaient pas une fréquentation inférieure à mars 2024 (Fréquentation touristique – Médias24 numéro un de l’information économique marocaine). Les chiffres officiels complets de mars 2025 ne seront connus qu’en fin de mois, mais on s’attend à une stagnation ou légère baisse des nuitées par rapport à 2024, compensée en partie par la croissance structurelle du flux international hors Ramadan. Avril 2025, en revanche, devrait voir un net rebond avec la fin du Ramadan (dès le 31 mars) et les vacances de printemps de nombreux marchés émetteurs.
En somme, la tendance de fond du tourisme marocain reste à la croissance, mais le mois de mars 2025 fait figure d’exception conjoncturelle dans cette trajectoire, en raison de facteurs saisonniers et exceptionnels combinés.
Niveau actuel des réservations sur Airbnb et Booking à Marrakech
Un indicateur concret de cette baisse de régime est le taux de remplissage des hébergements de courte durée à Marrakech constaté sur les plateformes en ligne. Au 15 mars 2025, on observe que de nombreux logements Airbnb et chambres d’hôtel restent disponibles à la dernière minute, témoignant d’une demande affaiblie :
- Taux d’occupation moyen bas : D’après les données agrégées (AirDNA), les locations type Airbnb/VRBO à Marrakech tournent en moyenne autour de 48% de taux d’occupation seulement (Airbnb Data on 16838 Vacation Rentals in Marrakesh, default). Autrement dit, sur une période donnée, plus de la moitié des nuits potentielles restent non réservées. Ce niveau, déjà un peu faible en temps normal pour une destination touristique, peut chuter davantage en période creuse (Ramadan). À titre de comparaison, les hôtels classés de Marrakech ont atteint 72% de taux d’occupation en moyenne sur l’année 2024 (toute l’année confondue) (Marrakech: Hausse de 13% des nuitées dans les EHTC en 2024 – La Vie éco), ce qui montre qu’actuellement les locations saisonnières opèrent bien en-deçà de leur potentiel maximal.
- Disponibilités sur les plateformes : Une recherche sur Booking.com pour des séjours imminents à Marrakech révèle des centaines d’établissements encore libres, y compris de nombreux riads de charme et appartements entiers. De même, Airbnb affiche un grand nombre de logements sans locataire pour les prochaines dates de mars, alors qu’en haute saison ces mêmes logements auraient été réservés des semaines à l’avance. Cette abondance d’offre non écoulée oblige d’ailleurs les hôtes à casser les prix à la dernière minute (on voit des riads brader leurs chambres à -30% ou -40% pour les dates proches).
- Disparités entre hébergements : Il convient de noter que la situation n’est pas uniforme pour tous les hébergeurs. Les établissements les mieux notés, les “meilleures annonces” atteignent encore 80-90% d’occupation, y compris en basse saison (Marrakesh, Marrakech-Safi Airbnb Market Analysis 2025 | AirROI). En revanche, les locations moins bien placées ou moins bien notées restent vides la plupart du temps – le quart inférieur des annonces n’affiche qu’environ 20% d’occupation en moyenne (Marrakesh, Marrakech-Safi Airbnb Market Analysis 2025 | AirROI). En clair, les voyageurs présents en ce moment se concentrent sur les offres au meilleur rapport qualité-prix, laissant de côté les autres. Cette polarisation s’accentue lorsque la demande globale diminue.
En définitive, le niveau de réservation actuel sur Marrakech est bas pour un mois de mars, confirmé tant par les observations de terrain (disponibilités en ligne) que par les données statistiques. Cela reflète l’effet cumulé Ramadan+météo : malgré un contexte post-Covid très porteur, la destination connaît un passage à vide transitoire sur les plateformes de réservation.
Stratégies de tarification et optimisation en période de faible demande
Face à cette conjoncture défavorable, les propriétaires et gestionnaires d’appartements en location courte durée doivent adapter leur stratégie pour maintenir un taux de réservation satisfaisant. Voici quelques leviers de tarification et d’optimisation à actionner pendant cette période de faible demande :
- 1. Ajuster les prix à la baisse intelligemment : En période creuse, il est crucial d’être compétitif. Sur Airbnb, activez les rabais pour réservation anticipée ou de dernière minute. Par exemple, appliquer -20% à -30% sur les créneaux encore libres des 7 prochains jours peut stimuler les réservations de dernière minute (les voyageurs en quête de bonne affaire filtrent souvent par prix). De même, proposez des réductions hebdomadaires pour attirer ceux qui voudraient passer toute la fin du Ramadan sur place. L’objectif est de remplir au maximum même à moindre prix, plutôt que de laisser l’appartement vacant (mieux vaut un locataire à tarif réduit que pas de locataire du tout durant ce mois calme).
- 2. Assouplir les conditions (séjour minimum, annulation) : Réduisez le séjour minimum à 1 nuit si possible pour ne pas dissuader les courts séjours spontanés. En période de faible demande, chaque nuitée compte, même si le séjour est court. Par ailleurs, envisagez d’offrir une politique d’annulation flexible ou modérée, ce qui rassure les voyageurs qui pourraient hésiter (notamment avec l’incertitude météo). Une annonce “Flexible” ressort mieux et peut capter des réservations que vous auriez perdues avec une politique stricte.
- 3. Optimiser la visibilité de l’annonce : Profitez du creux pour améliorer votre annonce : nouvelles photos professionnelles mettant en valeur les atouts de l’appartement, mise à jour du titre et de la description en plusieurs langues, réponse rapide aux messages pour garder un taux de réponse excellent, etc. Activez éventuellement la fonction “Promotion” sur Booking.com qui met en avant votre logement avec un badge promotionnel en échange d’une remise. Sur Airbnb, le fait de baisser un peu le prix améliore aussi le classement de l’annonce dans les recherches. En somme, être proactif en ligne aide à capter la faible demande disponible.
- 4. Mettre en avant les atouts « Ramadan-friendly » : Même si le Ramadan réduit la clientèle globale, certains voyageurs – notamment non musulmans – pourraient profiter de cette période pour visiter Marrakech plus tranquillement. Mettez en avant ce qui peut les attirer : par exemple, proposez une expérience culturelle (orientation vers les meilleurs spots pour le ftour/iftar le soir, ou pourquoi pas offrir le premier dîner de rupture du jeûne à vos locataires en signe de bienvenue). Soulignez que toutes les attractions restent ouvertes et que la ville offre une ambiance unique le soir après le coucher du soleil. Il s’agit de transformer une contrainte en argument : un touriste curieux pourrait être séduit par la perspective de découvrir Marrakech “autrement” pendant Ramadan.
- 5. Cibler une clientèle alternative : Si les touristes classiques se font rares, pensez aux voyageurs longue durée (digital nomads, consultants, etc.) qui, eux, ne sont pas liés aux saisons touristiques. Proposez des tarifs dégressifs au mois pour le mois de mars ou avril, afin d’attirer ce type de profil qui cherche un pied-à-terre agréable pour plusieurs semaines. Un tarif mensuel compétitif peut convaincre un télétravailleur de s’installer dans votre appartement pour profiter du soleil de Marrakech tout en travaillant à distance, Ramadan ou pas. Cela garantit une occupation sur plusieurs semaines d’un coup.
- 6. Collaborer avec les agences et OTA : En dernier recours, n’hésitez pas à multiplier les canaux. Inscrivez votre bien sur d’autres plateformes (Vrbo, Abritel, TripAdvisor, etc.) pour accroître la visibilité. Contactez des agences locales ou conciergeries qui gèrent des flux de touristes – elles pourraient avoir des demandes de dernière minute à vous transmettre. Diversifier les sources de réservations augmente vos chances de remplir votre planning.
En appliquant ces ajustements, un propriétaire peut limiter la casse durant la basse saison. L’idée maîtresse est de rester flexible et attractif, en s’adaptant aux attentes d’une clientèle moins nombreuse et plus sensible aux prix. Cela permet de traverser la période creuse en optimisant le taux d’occupation, en attendant le retour de la demande forte.
Comparaison avec les années précédentes
Il est instructif de comparer la situation de mars 2025 avec les années antérieures pour bien mesurer ce qui relève de la conjoncture exceptionnelle et ce qui est “normal” pour la saison.
- Mars 2019 (année de référence pré-Covid) : En 2019, le Ramadan tombait en mai, donc mars 2019 était un mois de pleine activité touristique. Marrakech enregistrait alors des taux de remplissage élevés, la haute saison printanière battant son plein. Cette année-là, le Maroc avait accueilli 12,9 millions de touristes sur l’ensemble de l’année, et mars y avait contribué significativement. On peut estimer que mars 2019 a servi de pic de référence pour la décennie, avec une fréquentation étrangère et nationale combinées sans restriction.
- Mars 2020-2021 (pandémie) : Ces années sont atypiques (fermeture des frontières en 2020 dès la mi-mars, et en 2021 un Ramadan d’avril mais avec des restrictions sanitaires encore en place). Les données de réservations étaient quasi nulles pendant ces mois-là. Il est donc peu pertinent de les comparer directement, sinon pour rappeler que la reprise actuelle en 2023-2025 se fait par rapport à un creux historique en 2020-21.
- Mars 2022 : Ramadan en avril 2022, donc mars 2022 a bénéficié d’une reprise nette post-Covid. Beaucoup de touristes ont voyagé dès la réouverture (février 2022) et Marrakech a connu un bon mois de mars 2022, sans le frein du Ramadan. C’est une sorte de année “miroir” de 2025 (où Ramadan est en mars) : ce qu’avril 2025 sera probablement (très dynamique) correspond à ce qu’a été mars 2022 (dynamique).
- Mars 2023 : Premier impact du Ramadan de nouveau sur mars (le Ramadan a débuté le 23/03/2023). On a pu quantifier un recul vs 2019 sur ce mois-là : par exemple, Agadir a accusé -15% de nuitées par rapport à mars 2019 (Agadir/tourisme : les nationaux, grands absents du Ramadan – LesEco.ma) du fait de l’effet Ramadan. Marrakech a sans doute eu un impact similaire bien que moins mesuré (car l’essor global post-Covid compensait partiellement). En 2023, mars était encore un peu “partagé” (3 semaines sans Ramadan, 1 semaine avec), donc la baisse n’a vraiment frappé que sur la toute fin du mois.
- Mars 2024 : Ramadan du 11 mars au 10 avril environ. On l’a vu, mars 2024 a enregistré une baisse de 5% des nuitées par rapport à mars 2023 (Agadir/tourisme : les nationaux, grands absents du Ramadan – LesEco.ma) malgré des arrivées internationales en hausse. Marrakech a accusé environ -4% de nuitées vs l’année précédente sur le mois (PowerPoint Presentation), ce qui n’a pas empêché l’année 2024 dans son ensemble d’être record (+13% de nuitées sur l’année (Marrakech: Hausse de 13% des nuitées dans les EHTC en 2024 – La Vie éco)). En réalité, le manque à gagner de mars 2024 a été largement rattrapé par un mois d’avril 2024 exceptionnel (coïncidant avec la fin du Ramadan et les vacances, plus l’effet Coupe du Monde des clubs de football organisée au Maroc en février qui a maintenu la visibilité du pays). Mars 2024 a donc fait figure de petite anomalie dans une année euphorique.
- Mars 2025 : se situe dans la continuité de 2024 du point de vue du calendrier (Ramadan encore plus tôt). La différence, ce sont les aléas additionnels (météo) qui en font un mois sans doute plus faible que mars 2024. Néanmoins, si l’on compare à mars 2019 (dernière année semblable sans Ramadan), il est probable que mars 2025 affiche une fréquentation encore en retrait en volume, mais grâce à la clientèle étrangère revenue en force, on s’approche des niveaux d’avant-crise pour le segment international. En clair, mars 2025 est moins bon qu’espéré, mais pas une catastrophe : la baisse est sensible par rapport aux scénarios optimistes, toutefois Marrakech reste sur une tendance annuelle supérieure à 2019 en cumul (grâce aux autres mois hors Ramadan).
Ce panorama comparatif montre que la baisse actuelle des réservations est conjoncturelle et saisonnière. Chaque année où le Ramadan tombe sur mars/avril, on observe un trou d’air temporaire – 2025 ne fait pas exception, si ce n’est amplifié par la météo. Par le passé, Marrakech a toujours rebondi immédiatement après. Il y a donc fort à parier que dès la mi-avril 2025, les indicateurs repasseront au vert (probablement un mois d’avril 2025 en forte hausse sur avril 2024, puisque l’intégralité du mois sera hors Ramadan cette fois).
Recommandations pour attirer plus de réservations malgré le contexte
Malgré un contexte peu porteur en ce début mars 2025, il est possible d’atténuer la baisse des réservations grâce à des actions ciblées. Voici une synthèse de recommandations concrètes à destination des propriétaires de locations courtes durées à Marrakech, afin d’améliorer l’attrait de leur offre :
A. Miser sur l’expérience locale et la communication rassurante – Rassurez les voyageurs potentiels en communiquant proactivement sur les conditions réelles à Marrakech. Par exemple, actualisez le descriptif de votre annonce pour préciser que les restaurants et attractions restent ouverts en journée, que votre logement dispose éventuellement de facilités pour le suhoor (repas avant l’aube) ou le ftour (rupture du jeûne) si vos invités le souhaitent. Mettez en avant la dimension culturelle unique d’un séjour pendant Ramadan (festivités nocturnes, ambiance des soirées à Jamaa El Fna après l’iftar, etc.). En parallèle, si des inquiétudes météo subsistent, mentionnez que votre logement est bien équipé (chauffage/clim, wifi pour occuper les journées plus calmes) et que vous fournissez des conseils sur les activités à faire même en cas de pluie. L’idée est de transformer les freins en arguments : moins de touristes = visite plus sereine ; Ramadan = opportunité culturelle ; quelques averses = Marrakech plus verte et fraîche, etc.
B. Renforcer la présence en ligne et le marketing digital – Profitez du creux pour accentuer vos efforts marketing. Partagez par exemple des photos attrayantes sur Instagram ou Facebook de votre propriété ou de Marrakech en ce moment (un beau coucher de soleil sur la Koutoubia pendant Ramadan, etc.) en mettant en avant des promotions spéciales. Vous pouvez cibler des communautés de voyageurs ou des hashtags comme #VisitMarrakech #RamadanInMorocco pour toucher un public susceptible de voyager hors des sentiers battus. Envisagez aussi de contacter d’anciens clients satisfaits en leur proposant un code de réduction “spécial Ramadan” s’ils reviennent ou recommandent votre logement. Une communication active peut faire la différence pour capter l’attention de la poignée de voyageurs indécis.
C. Diversifier l’offre de services – Pour se démarquer dans un marché atone, ajoutez de la valeur à votre offre. Par exemple, proposez des transferts aéroport gratuits pour les réservations en mars (un service de navette offert peut convaincre un voyageur de choisir votre appartement plutôt qu’un autre). Ou bien mettez des excursions/expériences en avant : partenariat avec un guide pour une visite privée de la médina en soirée, organisation d’un atelier cuisine marocaine dans l’appartement, etc. Ce genre de package “hébergement + expérience” donne envie malgré le contexte calme, et montre que vous faites un effort pour accueillir vos clients dans les meilleures conditions pendant Ramadan.
D. Optimiser la qualité pour les avis – Les quelques réservations que vous obtenez en cette période sont précieuses pour l’avenir : chouchoutez ces clients afin de récolter d’excellents avis, qui vous aideront à remonter dans les classements quand la demande repartira. Soyez particulièrement disponible et réactif avec les voyageurs actuels, offrez-leur éventuellement un petit cadeau de bienvenue en lien avec Ramadan (par ex. des dattes et du lait à l’arrivée, tradition marocaine, même pour des non-musulmans c’est une attention qui marque). Des commentaires 5 étoiles sur « l’attention aux détails de l’hôte » ou « l’excellente communication » pourront convaincre de futurs clients, et améliorent votre réputation en ligne immédiatement. C’est un investissement immatériel qui portera ses fruits lors du rebond.
E. Anticiper le post-Ramadan dès maintenant – Préparez-vous à la forte reprise attendue dès avril. Ouvrez vos calendriers sur une longue période et positionnez vos tarifs d’avril-mai de manière optimale (pas trop bas pour ne pas brader la haute saison, mais suffisamment attractifs pour capter les early bookings). Mettez à jour vos photos si besoin avant que le rush ne revienne. Si vous envisagez des travaux ou améliorations dans le logement, profitez de mars où vous avez plus de vacance pour les réaliser, afin d’être fin prêt pour accueillir un afflux de voyageurs après le 31 mars. En somme, utilisez le temps disponible de cette accalmie pour optimiser votre offre plutôt que de subir : ce qui sera fait maintenant n’est plus à faire quand vous serez de nouveau en pleine activité.
En appliquant ces recommandations, un propriétaire peut non seulement limiter la baisse de revenus en mars, mais aussi préparer la haute saison à venir dans les meilleures conditions. L’important est de rester agile et à l’écoute du marché : Marrakech est une destination résiliente qui a traversé pandémies, événements climatiques et fluctuations saisonnières, et chaque fois le tourisme est reparti de plus belle.
Conclusion
Mars 2025 à Marrakech connaît une baisse de régime des réservations de courte durée, principalement due à la conjonction du Ramadan (qui temporairement ralentit le tourisme, surtout national) et de conditions météorologiques défavorables ayant entaché l’image “carte postale” de la ville en début de mois. Ce creux d’activité, bien qu’important, doit être relativisé : il s’inscrit dans les fluctuations saisonnières habituelles du tourisme marocain et ne remet pas en cause la tendance générale de reprise et de croissance observée depuis 2022. Les données comparatives montrent qu’il s’agit d’un phénomène ponctuel et anticipé, comparable à ce qui avait été observé les années précédentes lors de périodes similaires.
Pour les acteurs locaux (propriétaires d’appartements, gérants de riads, etc.), le mot d’ordre est l’adaptation. En ajustant les tarifs, en innovant dans l’offre et en ciblant une clientèle de niche, il est possible de continuer à attirer des voyageurs même en période creuse. Les efforts consentis maintenant – tant pour remplir ce mois de mars au mieux que pour préparer la suite – porteront leurs fruits lorsque la demande rebondira après l’Aïd. Marrakech conserve des atouts incomparables (patrimoine, climat, accessibilité) qui en font la 8ème meilleure destination mondiale à visiter en 2025 selon un récent classement (Marrakech 8e meilleure destination mondiale en 2025, selon …).
Il convient donc de rester optimiste et proactif : la “baisse de régime” actuelle n’est qu’un passage transitoire. En appliquant les bonnes stratégies, les hébergeurs peuvent limiter son impact et même en profiter pour améliorer leur produit. D’ici quelques semaines, la ville rouge retrouvera son effervescence touristique – et ceux qui auront su traverser la période calme en tirant le meilleur parti du contexte récolteront les bénéfices de la reprise à venir.
En résumé, la baisse des réservations de début mars 2025 à Marrakech est explicable et gérable. Par une analyse lucide des causes (Ramadan, météo, saisonnalité) et la mise en œuvre de mesures correctives appropriées, les professionnels peuvent non seulement surmonter ce creux, mais aussi se renforcer pour l’avenir. Marrakech a prouvé à maintes reprises sa capacité de rebond, et les perspectives pour le reste de 2025 demeurent positives une fois ces facteurs temporaires derrière nous. Les clés du succès résident dans l’anticipation, l’adaptation et la qualité de service – ingrédients qui feront la différence pour continuer d’attirer des visiteurs, même “contre le vent”.
Sources : Observatoire du Tourisme, statistiques 2023-2025; Presse marocaine (Le Matin, Médias24, LesEco) sur l’impact du Ramadan et de la météo; Données de plateformes (AirDNA, Booking, Airbnb); Retours d’expérience voyageurs. Les liens et références fournies tout au long de ce rapport renvoient aux informations chiffrées et analyses utilisées pour étayer cette étude.